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    Photo de l'auteurLes Fleurs du mal
    SPLEEN ET IDÉAL
    Sisina


    Imaginez Diane en galant équipage,
    Parcourant les forêts ou battant les halliers,
    Cheveux et gorge au vent, s'enivrant de tapage,
    Superbe et défiant les meilleurs cavaliers !

    Avez-vous vu Théroigne, amante du carnage,
    Excitant à l'assaut un peuple sans souliers,
    La joue et l'oeil en feu, jouant son personnage,
    Et montant, sabre au poing, les royaux escaliers ?

    Telle la Sisina ! Mais la douce guerrière
    A l'âme charitable autant que meurtrière ;
    Son courage, affolé de poudre et de tambours,

    Devant les suppliants sait mettre bas les armes,
    Et son coeur, ravagé par la flamme, a toujours,
    Pour qui s'en montre digne, un réservoir de larmes.


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  • Je te l'ai dit pour les nuages
    Je te l'ai dit pour l'arbre de la mer
    Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles
    Pour les cailloux du bruit
    Pour les mains familières
    Pour l'oeil qui devient visage ou paysage
    Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
    Pour toute la nuit bue
    Pour la grille des routes
    Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert
    Je te l'ai dit pour tes pensées pour tes paroles
    Toute caresse toute confiance se survivent.

    Paul Éluard

     



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  • Si c'est aimer, Madame, et de jour, et de nuit
    Rêver, songer, penser le moyen de vous plaire,
    Oublier toute chose, et ne vouloir rien faire
    Qu'adorer et servir la beauté qui me nuit :
    
    Si c'est aimer que de suivre un bonheur qui me fuit,
    De me perdre moi même et d'être solitaire,
    Souffrir beaucoup de mal, beaucoup craindre et me taire,
    Pleurer, crier merci, et m'en voir éconduit :
    
    Si c'est aimer que de vivre en vous plus qu'en moi même,
    Cacher d'un front joyeux, une langueur extrême,
    Sentir au fond de l'âme un combat inégal,
    Chaud, froid, comme la fièvre amoureuse me traite :
    
    Honteux, parlant à vous de confesser mon mal !
    Si cela est aimer : furieux je vous aime :
    Je vous aime et sait bien que mon mal est fatal :
    Le coeur le dit assez, mais la langue est muette. 

    Sonnets pour Hélène


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  • Le jet d'eau

    Tes beaux yeux sont las, pauvre amante !
    Reste longtemps, sans les rouvrir,
    Dans cette pose nonchalante
    Où t'a surprise le plaisir.
    Dans la cour le jet d'eau qui jase
    Et ne se tait ni nuit ni jour,
    Entretient doucement l'extase
    Où ce soir m'a plongé l'amour.

    La gerbe épanouie
    En mille fleurs,
    Où Phoebé réjouie
    Met ses couleurs,
    Tombe comme une pluie
    De larges pleurs.

    Ainsi ton âme qu'incendie
    L'éclair brûlant des voluptés
    S'élance, rapide et hardie,
    Vers les vastes cieux enchantés.
    Puis, elle s'épanche, mourante,
    En un flot de triste langueur,
    Qui par une invisible pente
    Descend jusqu'au fond de mon coeur.

    La gerbe épanouie
    En mille fleurs,
    Où Phoebé réjouie
    Met ses couleurs,
    Tombe comme une pluie
    De larges pleurs.

    Ô toi, que la nuit rend si belle,
    Qu'il m'est doux, penché vers tes seins,
    D'écouter la plainte éternelle
    Qui sanglote dans les bassins !
    Lune, eau sonore, nuit bénie,
    Arbres qui frissonnez autour,
    Votre pure mélancolie
    Est le miroir de mon amour.

    La gerbe épanouie
    En mille fleurs,
    Où Phoebé réjouie
    Met ses couleurs,
    Tombe comme une pluie
    De larges pleurs.

    Charles Baudelaire 1821- 1967(Les Fleurs du Mal)

    Transcrit par Amandin le Troubadour pour Yzelle****

    illustration d'Infini-Gifs


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